André BROUILLET --- « Un chantier »
Composition
- Elle s’organise autour du triangle de la famille. A gauche la femme, au centre le père et les deux enfants, à droite les ouvriers.
- Un mouvement ascendant presque vertical est matérialisé par les longs morceaux de bois et un étais, ils insistent sur la composition triangulaire.
- Les fuyantes amènent le regard vers le couple. Le père émerge d’une zone claire : il domine, tel un chef, la famille et les ouvriers. Sa position de leader est confirmée par le fait qu’il est le plus haut au-dessus de la médiane horizontale.
- Le bâtiment et les pierres derrière le père, séparent par une première verticale la famille des ouvriers, mais une deuxième verticale sépare aussi la femme du mari. Le père est ainsi encadré, souligné.
- Le chemin d’une teinte claire souligne la famille et permet par son oblique, d’aller vers l’arrière-plan pour comprendre ce que font les ouvriers (remise de la paye). Les deux outils du premier plan eux, soulignent la présence de la mère qui regarde son mari.
- L’artiste utilise un cadrage (plan d’ensemble) de type photographique qui suggère le mouvement : personnages de dos (mère, ouvrier), ou coupé par le cadre (ouvrier).
- Les tenues vestimentaires et les outils (brouette, masses, chariot, étais, plans) nous permettent d’identifier le monde ouvrier. Il s’agit sans doute de l’heure de la débauche puisqu’un ouvrier vérifie la paye que l’on vient de lui remettre. La femme, accompagnée de ses deux enfants, a rejoint son mari, sans doute le chef de chantier (gilet, pipe, montre de gousset, ceinture rouge).
- La hiérarchie donnée par le tableau (emplacement, gestuelle, couleur) induit l’ordre suivant :
- 1 le père
- 2 la mère
- 3 les enfants
- 4 l’ouvrier debout, tête baissée
- 5 le reste du groupe des ouvriers
Quoi en penser ?
Un peu accessoire, le personnage de femme est lié au temps de pause : sa présence, qui semblerait incongrue dans l’atmosphère exclusivement masculine d’un chantier de construction, est ici légitimée par la suspension du travail.
Sa figure discrète, de trois-quarts dos, incarne l’autre versant de la vie quotidienne, la sphère domestique – le lien conjugal et l’éducation des enfants. La composition répartit d’ailleurs de façon assez rigoureuse l’univers laborieux (le regroupement des hommes à droite) et la reconstitution d’une cellule familiale à gauche.
Les trois personnages de la femme et de deux enfants sont équitablement déployés autour de la figure masculine qui évoque celle du chef de famille.